Le Conseil canadien du commerce de détail demande au gouvernement de mettre fin aux grèves postales alors que le Canada entre dans la période cruciale de magasinage des fêtes
Dans une lettre envoyée aujourd’hui au Premier Ministre Justin Trudeau (voir ci-dessous), le Conseil canadien du commerce de détail (CCCD) a demandé au Gouvernement du Canada d’exercer ses pouvoirs législatifs pour mettre fin aux grèves chez Postes Canada.
- Les grèves durent désormais depuis cinq semaines sans perspective de fin, un refus du STTP
de soumettre la proposition de la direction à ses membres et le retrait par la Société canadienne des postes de sa dernière offre à minuit samedi - Des retards s’accumulent au moment même où le volume de colis s’apprête à grimper de 50 %
ou plus avec le Vendredi fou, le Cyberlundi et le magasinage des fêtes. - La combinaison des retards et de la forte augmentation du volume met en péril la période
de magasinage la plus importante tant pour les consommateurs que pour les détaillants.
« Arrive un moment où il est évident que les négociations collectives sont dans l’impasse. Nous avons atteint ce point au moment même où nous entrons dans la période critique du magasinage des fêtes »,
dit Diane J. Brisebois, présidente et chef de la direction du Conseil canadien du commerce de détail.
« Si nous voulons sauver la période de magasinage des fêtes et veiller à ce que les Canadiens ne se retrouvent pas avec une motte de charbon, le Gouvernement du Canada doit intervenir et mettre fin
à ces grèves. »
Lettre envoyée au Premier Ministre Justin Trudeau
Le 18 novembre 2018
Le Très Honorable Justin Trudeau, PC, MP
Premier Ministre
80, rue Wellington
Ottawa, Ontario K1A 0A3
Très Honorable Premier Ministre,
Je vous écris au nom de l’industrie canadienne du commerce de détail pour demander
au Gouvernement du Canada de mettre fin immédiatement aux grèves chez Postes Canada, qui ont un impact direct sur les consommateurs que nous desservons. Au moment même où les détaillants, notre main-d’œuvre de deux millions de personnes
et nos consommateurs entrent dans la période la plus occupée de l’année, le système postal est pratiquement interrompu.
Notre industrie a observé avec une inquiétude croissante les grèves qui durent désormais depuis cinq semaines, sans perspective de fin. Bien que toutes les entreprises ressentent les effets de l’interruption du service postal, les consommateurs et l’industrie du commerce de détail subissent l’impact de loin le plus important de l’interruption du service de livraison de colis.
Le point de basculement pour nos membres est arrivé cette fin de semaine, avec le refus du STTP de soumettre à un vote la dernière offre de la Société canadienne des postes et l’expiration de l’offre à minuit ce soir. En dépit des assurances selon lesquelles « les parties restent à la table des négociations » et de la nomination d’un nouveau médiateur le mois dernier, aucun progrès n’a été enregistré à ce jour et la perspective d’y parvenir est nulle, d’après ce que nous pouvons constater.
Impact jusqu’à présent
Postes Canada a déjà annoncé publiquement qu’il existe un retard de trente jours avec 600 camions à décharger et que ce retard s’accroît rapidement, même dans le flux normal de livraison des colis du commerce électronique. La situation a également incité Postes Canada à dissuader les envois postaux internationaux.
La situation risque de se détériorer rapidement au cours des prochains jours et des prochaines semaines. Comme vous le savez sans doute, plus de 25 % des colis envoyés chaque année par la poste se font au cours des deux mois de la période des fêtes, et la majorité des colis sont envoyés durant la période de trois semaines suivant le Vendredi fou, qui tombe le 23 novembre cette année. Un flux de colis déjà supérieur à ce que le système peut traiter va plus que doubler d’ici quelques jours. Et il ne s’agit pas simplement d’un retard de quelques jours, ce qui est une source de préoccupation en soi dans le commerce électronique, soit le canal de distribution le plus rapide pour les consommateurs.
Impact sur les consommateurs
Les Canadiens ne peuvent plus se fier à notre service postal national pour livrer les produits dont ils ont besoin. Plus de 62 millions de colis sont envoyés durant la période des fêtes, et la plupart de ceux-ci sont des cadeaux pour la famille et les amis. La période du Vendredi fou et du Cyberlundi est aussi devenue de loin la plus importante période de l’année pour les Canadiens qui achètent d’autres produits dont ils ont besoin, allant de vêtements d’hiver à des appareils ménagers. Cette interruption et cette rupture de service pour les Canadiens sont notre plus grande préoccupation. Aidez-nous à sauver la période des Fêtes pour les consommateurs canadiens.
Impact sur les entreprises
Nous constatons déjà un surplus dans les stocks, une aversion croissante aux achats en ligne et l’abandon des paniers lorsque les clients réalisent que les articles seront envoyés par Postes Canada. Les autres services de livraison par messagerie n’ont absolument pas la capacité nécessaire pour faire face au volume que Postes Canada traite.
Dans une perspective à long terme, nous sommes préoccupés par les conséquences potentielles sur le commerce électronique au Canada. Le Gouvernement du Canada a incité les détaillants à accroître leur présence en ligne, à rendre notre industrie plus concurrentielle et à réaliser d’importants investissements dans la technologie, les centres de distribution et les emplois fortement rémunérés en TI et design. Si les Canadiens ne sont pas persuadés que le commerce électronique est un système fiable, nous craignons que plusieurs d’entre eux ne délaissent le magasinage en ligne précisément au moment où nos systèmes atteignent le seuil de viabilité.
Un appel à l’action
Le 29 octobre, nous avons écrit aux ministres Qualtrough et Hadju pour leur dire que nous comprenons que les négociations collectives sont de complexes exercices d’équilibre. Nous avons aussi mentionné que nous espérions que les deux parties poursuivent les négociations et parviennent à une solution qui répond aux besoins de tous. Nous avons néanmoins souligné que parfois, lors d’un conflit de travail, les parties arrivent à une impasse et que si une telle situation devait survenir dans le cas de Postes Canada, le gouvernement fédéral devait prendre en considération tous les outils dont il dispose, y compris une loi forçant le retour au travail.
En raison du refus du STTP de soumettre à un vote la dernière offre de la Société canadienne des postes et de l’expiration de l’offre ce soir, dans le contexte d’un système déjà très engorgé et d’un flux de colis qui va doubler d’ici quelques jours, nous sommes persuadés que ce point a été atteint. En conséquence, nous demandons au gouvernement d’exercer ses pouvoirs législatifs pour mettre fin aux grèves.
Respectueusement,
Diane J. Brisebois
Présidente et chef de la direction