Accès aux denrées alimentaires : des efforts à souligner - Retail Council of Canada

Accès aux denrées alimentaires : des efforts à souligner

26 janvier, 2023

Par Michel Rochette, Président du Conseil canadien du commerce de détail — Québec

 

L’inflation qui frappe l’économie mondiale n’a épargné personne. Il n’y a pas un jour qui passe sans que l’on subisse, comme citoyen ou comme entreprise, des contrecoups des hausses qui touchent tous les aspects de notre quotidien. Le choc est d’autant plus brutal que nous avons collectivement presque oublié les impacts inflationnistes, puisqu’il faut remonter à quelques décennies dans nos mémoires pour revivre une telle période.

Et de tous les secteurs d’activité, parmi les plus susceptibles de nous affecter individuellement sont certainement ceux liés au commerce de détail. Puisque c’est là où, sur la base la plus régulière, on achète les commodités essentielles qui nous aident à nous loger, nous vêtir et nous nourrir. Et de ceux-ci, l’alimentation est de loin la plus régulière parmi nos achats.

C’est donc normal de ressentir l’inflation des denrées alimentaires avant toute autre.

À ce sujet, si beaucoup de choses ont été écrites, certaines méritent d’être rappelées.

Les commerces d’alimentation représentent le tout dernier maillon d’une gigantesque chaîne de production et d’approvisionnement qui commence avec l’agriculture et l’élevage, et va jusqu’à l’emballage et la manutention, en passant par la production et la transformation. Ce ne sont que quelques-uns des très nombreux maillons qui amènent les denrées sur les étagères de l’épicier. À chaque étape ont explosé les coûts de main-d’œuvre, d’énergie et de transport, tous affectés par la pénurie de main-d’œuvre et l’inflation, sans compter la guerre en Ukraine et les bouleversements climatiques qui continuent de perturber durement les approvisionnements, notamment en engrais et en carburant, et combien de récoltes perdues.

Peu de gens savent que, malgré ces défis colossaux, la hausse des denrées alimentaires a été moins importante au Canada que chez nos voisins. D’octobre 2021 à octobre 2022, l’Union européenne a vu ses produits alimentaires augmenter de 18 %. Les analystes considèrent que la France et la Belgique ont été relativement épargnées, avec des hausses respectives de 15 % et 18 %. En Allemagne, la hausse a atteint 19 %, et aux États-Unis, 13 %.

Au Canada, la croissance des prix a été contenue à 10 %.

Évidemment, cette situation ne consolera pas les plus vulnérables, ceux qui doivent lutter tous les jours avec la pauvreté et ses effets. Mais on peut au moins se consoler de ne pas avoir eu à composer avec les mêmes hausses que nos voisins.

De plus, nous avons à la fois le privilège et le défi d’habiter un gigantesque territoire pour une population relativement petite, ce qui forcément ajoute aux défis d’approvisionnement, de transport et de manutention. Malgré tout, nous avons la chance, comme société, de compter sur des étagères remplies de produits de qualité et d’une grande diversité aux quatre coins du Québec.

Certains ont pointé du doigt les marges de profit des grandes bannières d’alimentation. Pourtant, pour le secteur de l’alimentation, cette marge est restée inchangée depuis des années, bien avant la pandémie. Malgré l’inflation, malgré la hausse de tous les coûts à chaque étape de production, malgré la hausse des salaires, malgré la pénurie de travailleurs, les marges sont restées inchangées et la hausse des denrées a été moins élevée ici qu’ailleurs.

Il y a eu trop peu d’écrits pour souligner l’immense travail des commerçants qui ont dû effectuer des efforts considérables au cours des deux dernières années afin d’assurer l’accès à un service et des produits de qualité, diversifiés, partout sur le territoire, dans un contexte plus favorable que chez nos voisins.