En route vers une chaîne d'approvisionnement plus responsable - Retail Council of Canada
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En route vers une chaîne d’approvisionnement plus responsable

En route vers une chaîne d’approvisionnement plus responsable

Ce que les chefs de file de l’industrie font pour offrir une durabilité environnementale

par Denise Deveau

Aujourd’hui, dans un monde soucieux de l’environnement, les détaillants examinent plus que jamais tous les aspects de leurs activités de chaîne d’approvisionnement. La gestion du transport est un élément clé pour les fournisseurs, les gestionnaires de flotte et les détaillants, des centres d’approvisionnement et de distribution jusqu’aux magasins et aux livraisons chez les consommateurs.

Avec la prolifération du commerce électronique et les attentes plus exigeantes de la clientèle, le nombre de véhicules de transport sur la route a atteint un niveau sans précédent. Alors que de plus en plus de produits sont transportés chaque jour partout au pays et dans le monde, de nombreux détaillants et leurs partenaires explorent de nouvelles façons de travailler ensemble pour améliorer leur efficacité et réduire leur empreinte de carbone.

Le paysage de l’innovation

L’innovation en matière de transport se concrétise sous de nombreux aspects de l’exploitation, qu’il s’agisse de l’application des plus récentes technologies pour accroître la visibilité, affiner les prévisions et les itinéraires, ou de la mise en œuvre d’outils de suivi pour réduire la consommation de carburant, les émissions de gaz à effet de serre ou de la recherche de moyens plus efficaces pour réduire le volume des emballages et maximiser l’espace des conteneurs.

La logistique, en particulier la livraison par camion, connaît actuellement l’un des plus grands changements jamais enregistrés, a déclaré David Prusinski, vice-président exécutif, ventes et marketing chez Fleet Complete à Toronto. « Ce n’est pas simplement la façon dont les choses se passent, mais l’attention minutieuse que l’on porte à la chaîne d’approvisionnement et aux technologies déployées. »

Il n’est pas surprenant que l’innovation la plus avancée en matière de transport se trouve chez les grands détaillants qui gèrent de plus grandes flottes, dit-il. « Que ce soit à contrat ou autrement, beaucoup d’entre eux disposent d’une technologie permettant de suivre les véhicules, d’enregistrer les heures, les expéditions, le kilométrage, les itinéraires ou les performances du véhicule. »

Par exemple, des capteurs avancés et des outils d’optimisation des routes peuvent aider les gestionnaires de flotte à réduire les temps morts et faire des économies de carburant. La nouvelle technologie de suivi des actifs, qui envoie plusieurs faisceaux de capteurs, peut indiquer la charge réelle d’un camion à quelques points de pourcentage près, ce qui permet aux flottes de tirer le meilleur parti de leur utilisation. Les gestionnaires de flotte, par exemple, peuvent améliorer les capacités de partage de charge en répartissant les conducteurs avec suffisamment de place vers les emplacements proches pour récupérer des charges supplémentaires.

Optimiser pour l’efficacité

Jonathan Rosemberg, vice-président de l’approvisionnement stratégique et de l’amélioration des processus chez Indigo Books and Music Inc., déclare avoir recours à des fournisseurs tiers pour gérer ses services sortants. Pour la livraison de petits colis aux clients du commerce en ligne, la société utilise un ou deux grands transporteurs nationaux, tandis que les livraisons en magasin sont effectuées par des fournisseurs de logistique tierce partie locaux afin d’obtenir une efficacité maximale.

« Comme tout le monde, nous essayons de trouver un moyen de consolider an maximum afin de minimiser les coûts, notre empreinte de carbone et le nombre de mises en contact avec la marchandise. En même temps, nous devons concilier ceci avec l’expérience client. C’est comme un tour de magie. » Il ajoute qu’avec ses 210 magasins à travers le pays, Indigo dispose de nombreuses opportunités pour consolider ses expéditions.

L’un des plus grands défis du secteur de la vente au détail en ligne est peut-être la demande croissante de livraisons le jour même ou le lendemain. « Ce qui devient un enjeu aux enchères. Les attentes des clients sont plus élevées que jamais. Avoir de bonnes positions en inventaire et des processus de prélèvement et d’emballage signifie que nous pouvons éviter de fractionner les envois. »

Lors de la sélection des transporteurs, monsieur Rosemberg a déclaré qu’Indigo avait établi un ensemble de critères concernant les attentes en matière de conformité à la réglementation canadienne, ainsi que des politiques en matière d’environnement et de développement durable. « Nous tenons à nous assurer que tous les fournisseurs que nous utilisons gèrent leur empreinte de carbone de la manière la plus efficace et optimale possible. Nous posons des questions comme par exemple : à quoi ressemble leur flotte? Les véhicules sont-ils anciens ou neufs? Quelle est leur efficacité sur la route ? ».

Monsieur Rosemberg note que la réduction de l’empreinte de carbone et les économies de coûts ont maintenant atteint un point de rencontre bienvenu. « L’un soutient l’autre. Les incitatifs des 12 à 15 dernières années ont commencé à s’aligner de manière très significative. Maintenant, je trouve que les fournisseurs à l’avant-garde des pratiques sociales et du développement durable peuvent offrir des prix les plus compétitifs. »

La planification et l’affectation des ressources sont au cœur des préoccupations d’Indigo de nos jours. « La technologie nous permet de prévoir la demande beaucoup plus de précision au fur et à mesure que nous comprenons mieux à quoi ressemblent nos clients. Grâce à ce niveau de gestion de la demande, nous pouvons réduire le nombre d’envois sur la route et offrir la meilleure valeur. Mieux vous maîtriserez la gestion de la demande, plus vous serez efficace dans tous les domaines. »

Maîtriser le déplacement sur la route

Canadian Tire investit depuis longtemps dans la durabilité de la chaîne d’approvisionnement et possède une vaste flotte combinée de véhicules dédiés et de tierces parties pour le traitement des livraisons en zones urbaines et partout au pays. « Tout ce que nous devons faire dans un cercle étroit – disons dans un rayon de 150 kilomètres – nous allons essayer de le faire avec notre propre flotte », a déclaré Gary Fast, vice-président associé, Transports internationaux. « Au-delà de cela, nous avons des flottes dédiées et nos fournisseurs de services installent leurs bureaux et leurs camions dans nos centres de distribution. »

Les initiatives actuellement à l’étude vont du plus simple au plus avancé, dit monsieur Fast. « Certains progrès sont réalisés grâce à la technologie, d’autres grâce à l’amélioration des processus et d’autres grâce à l’innovation. »

Compte tenu de son envergure nationale, le voyage de retour fait partie intégrante de l’amélioration de l’efficacité sur la route, explique-t-il. « Dans les régions les plus éloignées, nous recherchons souvent des opportunités de retour chez les fournisseurs une fois que nous avons effectué la livraison en magasin, de sorte que le chauffeur n’a que très peu de kilomètres sans chargement. »

Il note que la quantité de pieds cubes par chargement pour les envois sortants est une mesure clé. « Le coût au kilomètre, le coût au cube – ce sont les mesures qui nous motivent. Nous recherchons constamment à trouver les innovations possibles. » L’une d’elles est un logiciel d’optimisation des itinéraires qui convertit les commandes en pieds cubes et permet aux planificateurs de minimiser les kilomètres parcourus par les chauffeurs tout en optimisant les chargements.

De plus, tout ce qui va dans les magasins ou provient de l’étranger est empilé, ce qui double presque la capacité des conteneurs d’expédition. « Plus loin vous allez, plus vous économisez », déclare monsieur Fast.

Dans certains cas, Canadian Tire a converti ses conteneurs à 60 pieds par rapport à la taille standard de 53 pieds. « Cela ne semble pas très innovant, mais ajouter ces pieds supplémentaires change la donne, car nous obtenons une augmentation nette de 13 % de la capacité », note monsieur Fast.

L’une de ses plus grandes innovations sur la route a été les remorques mixtes plus longues. « Lorsque nous avons commencé à les utiliser en 2009, nous avons été le premier transporteur en Ontario à le faire », dit-il.

Les prévisions sont tout aussi essentielles pour l’efficacité des transports, ajoute-t-il. « Les analystes travaillent avec les commerçants pour prévoir le niveau de UGS 26 semaines à l’avance. Le logiciel transmet ces données à nos fournisseurs et vendeurs pour chargement dans leur système PBM (Planification des besoins matières). Les livraisons en magasin sont également basées sur nos prévisions. Ce type de visibilité de la chaîne d’approvisionnement est critique. En termes simples, plus il y a de données et de capacités de mesure, plus la visibilité et l’efficacité sont grandes. »

Réflexion sur l’avenir

L’innovation future pourrait être quelque chose d’aussi simple que des camions en peloton pour réduire la résistance au vent et les émissions de gaz à effet de serre, ou une énergie alternative, dit monsieur Fast. « À un moment donné, l’utilisation du gaz naturel comprimé aura beaucoup plus de sens. Nous devons réfléchir aux endroits où nous pouvons commencer ce type d’application dans notre flotte et les adapter d’une manière logique. »

M. Rosemberg souligne que l’industrie est loin d’être inactive en ce qui a trait à faire avancer le processus et la technologie. « Le suivi par GPS et les véhicules autonomes et électriques seront de grands perturbateurs de l’industrie au cours des 10 à 15 prochaines années. Toute l’industrie sera mise à l’épreuve. »

L’intelligence artificielle (IA) jouera également un rôle, pense-t-il. « Avec l’IA, vous aurez des modèles prédictifs qui vous permettront de gérer une entreprise de manière encore plus efficace. En fin de compte, les camions autonomes et l’IA vont changer le paradigme de la gestion des chaînes d’approvisionnement par les détaillants. La durabilité ne consiste pas seulement à trouver des fournisseurs qui utilisent des camions électriques. L’opportunité pourrait bien se présenter bien plus haute dans la chaîne d’approvisionnement. Vous ne pouvez pas regarder le transport en vase clos. C’est un système complet. La pensée systémique est donc la voie de l’avenir. »

Walmart s’attaque à la réduction des émissions

Walmart figure depuis longtemps parmi les principaux acteurs de la vente au détail qui se sont engagés dans un programme de développement durable, allant de la réduction des emballages et au détournement des déchets des sites d’enfouissement en passant par l’utilisation d’énergies renouvelables et la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).

Depuis que Walmart s’est fixé comme objectif de réduire ses émissions en 2005, il a éliminé plus de 40 millions de tonnes métriques d’émissions au total dans l’ensemble de sa chaîne d’approvisionnement, indique Micah Ragland, directeur des communications sur le développement durable chez Walmart.

Le projet le plus récent de Walmart est le projet Gigaton, un plan mondial visant à réduire les émissions d’une gigatonne (1 milliard de tonnes métriques) d’ici 2030. Ceci équivaut à supprimer plus de 211 millions de véhicules à passagers chaque année, selon le calculateur d’équivalence des gaz à effet de serre de la US Environmental Protection Agency. Bien que le mandat relatif aux émissions couvre de nombreux aspects des opérations, l’innovation en matière de transport est un élément clé pour atteindre les derniers objectifs de l’entreprise en matière de développement durable, déclare monsieur Ragland.

Brandon Schott, directeur de l’amélioration continue des transports, chez Walmart Canada, a déclaré que les opérations canadiennes sont l’une des 27 opérations mondiales impliquées dans la réalisation de l’objectif du projet. « Nous ferons de notre mieux pour y parvenir en continuant de nous concentrer sur l’efficacité de la flotte et en intensifiant nos efforts en matière d’équipements et de carburants de remplacement. »

Walmart a travaillé sur un certain nombre d’initiatives dans sa quête d’amélioration continue, notamment :

  • Systèmes avancés d’amélioration de l’efficacité du routage et de l’optimisation des fréquences de remplissage afin de réduire les kilomètres sans chargement et augmenter l’utilisation
  • Un programme d’essais en Ontario et en Alberta avec des remorques super cubes (60 pieds) permettant d’accroître la capacité par chargement et de réduire les émissions jusqu’à 14 %
  • Déploiement de deux trains routiers mixtes de 53 pieds (véhicules mixtes longs) sur les itinéraires de livraison entre Mississauga et Cornwall, ce qui permet une réduction des émissions de gaz à effet de serre allant jusqu’à 40 %
  • Mise en place de limiteur de vitesse à 105 km/h et de transmissions automatiques sur tous les camions pour améliorer le rendement du carburant
  • Installation sur tous les camions de capacités GPS et télématiques
  • Installation de groupes auxiliaires de puissance à piles dans les camions pour chauffer les cabines afin de minimiser les temps morts avec moteur en marche en hiver
  • Mise en place de programmes de récompense tous moteurs éteints durant les temps morts

« Nous accordons également une attention particulière aux carburants de rechange », a déclaré monsieur Schott. « À l’heure actuelle, tous nos véhicules fonctionnent au diésel, mais nous testons des camions de manoeuvres entièrement électriques dans les cours de remorques et nous surveillons Tesla de près pour voir ce qui se passe sur le marché des véhicules électriques. Nous prévoyons que les premiers camions électriques arriveront sur le marché dans les 24 à 36 prochains mois. »